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Prenons Notre Avenir En Main
10 juillet 2017

Le TGV privé à la conquête de l’Ouest

Marion d’Allard  Lundi, 3 Juillet, 2017  L'Humanité

Je vous propose de lire cet article de l'Humanité qui traite en même temps de l'inauguration des TGV Ouest et Océane et donne ainsi une vue d'ensemble de la politique des transports en France On constatera qu'ainsi s'officialise le principe d'une politique pour les riches et d'une politique différente pour les pauvres, ou, pour reprendre une expression de notre prétentieux "jeune premier" de Président, "les gens qui réussissent" et pour "des gens qui ne sont rien".

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Le premier TGV, opéré par la SNCF sous concession privée, est arrivé samedi en gare de Bordeaux Saint-Jean. Ugo amez/SIPA

L’inauguration des nouvelles lignes à grande vitesse vers Bordeaux et Rennes depuis Paris signe l’arrivée des concessions privées au détriment des intérêts publics.

L’inauguration en grande pompe des nouvelles lignes à grande vitesse (LGV) qui relient désormais Paris à Rennes en 1 h 25 et à Bordeaux en 2 h 4 a donné lieu, tout le week-end, à une mise en scène médiatico-politique bien rodée. Et pour cause, ces lancements sont, à plusieurs titres, inédits.

Côté face, c’est la première fois que deux lignes à grande vitesse sont inaugurées le même jour, représentant chacune un aboutissement technologique qui permet à la France de continuer à briller dans le monde du ferroviaire et aux usagers de gagner du temps de trajet. Mais côté pile, la médaille est moins reluisante. Car derrière les rubans inauguraux, le lancement des LGV Océane et Ouest ouvre la boîte de Pandore des concessions ferroviaires privées, sur le modèle des autoroutes, au plein bénéfice des géants du BTP, au détriment de la SNCF et des finances publiques. Un « nouveau modèle » de gestion mis sur les rails par le Grenelle de l’environnement en 2009, sous l’égide de Nicolas Sarkozy.

Eiffage pour le prolongement de la ligne Paris-Le Mans jusqu’à Rennes (2,8 milliards d’euros) et Lisea (filiale du groupe Vinci) pour la liaison Tours-Bordeaux (7,8 milliards d’euros) se partagent le gâteau. Ces partenariats public-privé concernent les coûts de construction mais également, et c’est une première, l’exploitation. Ainsi, les TGV qui circulent entre Tours et Bordeaux s’acquitteront des péages ferroviaires (environ 250 millions d’euros par an selon les estimations) non plus à SNCF Réseau (ex-RFF) comme d’ordinaire, mais directement à Lisea, et ce pour une durée de concession de cinquante ans. Des péages qui atteindront 50 % du prix du billet contre 37 % sur les lignes TGV 100 % publiques. Conséquence : des pertes sèches pour l’opérateur public que la SNCF estime à 90 millions d’euros sur les six premiers mois d’exploitation, et une augmentation du prix des billets pour les usagers – en moyenne 6 euros pour rallier Bordeaux et 10 euros supplémentaires pour la ligne bretonne. Loin des missions de service public de transports, ces contrats de concession reviennent à privatiser les profits en collectivisant les pertes. Illustration. Sur les 3,8 milliards d’euros mis sur la table par Lisea pour la construction de la ligne Tours-Bordeaux, la filiale de Vinci n’a sorti que 778 millions de fonds propres. Le reste ? Des emprunts garantis… par l’État.

Près de 30 allers-retours par jour entre Paris et Rennes

Au retour sur investissement exigé par les concessionnaires privés, la SNCF répond par des prévisions de fréquentation et de trafic largement surévaluées pour beaucoup d’observateurs. L’opérateur public, qui table sur 4 millions de voyageurs supplémentaires sur ces nouvelles lignes d’ici à 2019, annonce plus de 33 allers-retours quotidiens entre Paris et Bordeaux et près de 30 entre Paris et Rennes. À titre de comparaison, « seulement » 23 liaisons TGV sont opérées quotidiennement entre Paris et Lyon. Qu’importe, pour Élisabeth Borne, la ministre des Transports, il faut aller encore plus loin. Alors que la déclaration d’utilité publique (DUP) concernant le prolongement de la LGV de Bordeaux à Toulouse a été annulée par la justice, la ministre a annoncé, samedi, que l’État ferait appel de cette décision. Et d’ajouter : « Il faudra alors réfléchir à des modes de financement… »

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