La «Pétaudière» ou les craquements d’une société qui s’effondre ?
Le point de vue de Jean Le Duff
Le grand étirement entre la droite et la social-démocratie, de la bannière du système financier réputé par elles indépassable, a atteint sa limite d’élasticité. Le ballet du PS pour faire avaler au monde du travail la potion amère de la collaboration avec la classe capitaliste vient de prendre une gamelle historique.
Les poncifs de la vieille garde conservatrice ne mobilisent plus un monde rural complètement bouleversé par la régression des exploitations agricoles traditionnelles, de plus en plus soumises aux diktats de la grande distribution et des banques. En même temps s’accroît dans les bourgs une population ouvrière qui vit difficilement à l’écart des grands centres urbains. Ce bouleversement alimente les rancœurs qui servent de tremplins au FN. Ces populations n’admettent pas encore que leurs difficultés sont provoquées par les contraintes que fait peser la classe capitaliste sur leur vie.
Le système financier est le centre de commandement de la classe capitaliste. Les populations captées par le Front National ne l’impressionne pas beaucoup. C’est autant de gens que ne rassemblent pas pour l’instant les courants politiques et syndicaux qui se dressent contre cet impérialisme capitaliste. Les votes en faveur de Marine Le Pen représentent 28 % des actifs qui ne sont proches d’aucun syndicat, ils ne sont plus que 19 % chez ceux qui en sont proches.
Dans le sillage de la collaboration de classe on trouve aussi les travailleurs qui sont encore abusés par l’idéologie de la CFDT. 44 % des sympathisants CFDT ont voté pour Macron quand il ne sont que 12 % pour la CGT et 14 % pour FO. Or, Macron est le joker avancé par les soutiens du système financier pour que rien ne change au profit du monde du travail. Se retrouvent parmi ceux-ci Le Drian du PS, Bayrou, Méhaignerie, de Villepin… La présence dans ce beau monde de 2 ou 3 transfuges du parti communiste ne change rien au fond. Avec Macron c’est le système financier qui garde la main. On a appris aujourd’hui que l’ANI, le CICE, et la Loi El Kohmri n’ont pas fait reculer le chômage.
Le 1er tour de l’élection présidentielle nous a révélé que la gauche de combat, bien sûr dispersée, que symbolisait Jean-Luc Mélenchon représente au total 20 % des électeurs inscrits contre seulement 18,19 % pour Macron, 16,14 % pour Marine Le Pen, 15,16 % pour François Fillon. Elle se trouve écartée par un système électoral conçu pour que la classe capitaliste puisse continuer à nous imposer ses volontés.
Le 2d tour ne nous laisse donc aucun choix positif. Il nous reste donc comme seule perspective d’écarter les porteurs de haine, de xénophobie et de division des travailleurs que compte en son sein le FN, même si, pour paraître fréquentable, Marine Le Pen n’a pas produit les discours fascisants dont il est historiquement porteur.
Je dois dire que dans un premier temps j’ai pensé à voter blanc au 2d tour des présidentielles, Macron semblant ne pas être inquiété du fait de son avance de 2 % . Je pense qu’un candidat dont on n’espère rien n’a pas intérêt à être élu avec un forte participation des électeurs. J’ai depuis regardé de plus près les résultats du premier tour. Il s’avère que si une part trop importante de l’électorat hostile à l’un ou l’autre des candidats s’abstient ou vote blanc, une grande incertitude pèsera sur le résultat. Avec un total de 48 % d’abstentions ou de vote blancs ou nuls la différence entre les scores des 2 candidats qui restent en lice sera de l’ordre de quelques dixièmes. Pour être sûr que Macron l’emportera sur Marine Le Pen il faut au moins qu’environ 1/4 et 1/3 des électeurs de Mélenchon votent pour Macron. Dans ce cas il ne sera élu au mieux que par 30 % des inscrits.